Pourquoi est-il important de se camoufler à la chasse ?

La chasse est un art, et comme tout art, elle a ses disciples : certains ne jurent que par les battues au chevreuil ou au sanglier, d’autres ont une préférence pour le gibier à plume ou le gibier d’eau, quelques-uns sont spécialisés dans le piégeage, la vénerie sous terre ou le déterrage, d’autres encore pratiquent la chasse à courre…  Ajoutez à cela la possibilité de chasser avec un fusil, une carabine ou un arc, et vous obtenez une combinaison de modes de chasse extraordinaire.

Le camouflage de chasse : indispensable pour l’approche et/ou à l’affût

Aujourd’hui, attardons-nous plus particulièrement sur l’art du camouflage, indispensable quand il s’agit de chasser à l’approche ou à l’affût.

Dans certains magasins, rien de plus facile désormais que de trouver des équipements peu chers style « camo », ainsi que des vêtements façon militaire. Premier conseil, évitez ce genre de textile aux motifs majoritairement colorés de vert. Avec ce genre de tenue, oui vous pourrez aisément tromper l’œil humain, mais accrochez-vous pour déjouer la vigilance et les sens (en particulier la vue) de la proie traquée. Pour reprendre une phrase de Jim Barnhat (désigner du ASAT camouflage), « si le vert était une si bonne couleur de camouflage, Dieu aurait fait que les chevreuils, les lapins, les cailles et tout le reste soient verts ».

Savoir se camoufler correctement, c’est mettre toutes les chances de son côté pour apercevoir le gibier convoité et ne pas être repéré. En d’autres termes, cela signifie disparaître dans son environnement, ne faire qu’un avec le milieu dans lequel on évolue. L’uniformité est le maître mot : pour assurer un camouflage parfait, le cerveau de l’animal ne doit pas pouvoir distinguer de forme connue et perceptible, synonyme alors d’alerte et de fuite.

Le camouflage de chasse, tenue indispensable

Source : chasseurdesanglier.com

Comment bien se camoufler à la chasse pour ne pas être repéré ?

Il va de soi qu’un camouflage efficace couvrira l’ensemble de votre corps (visage, bras, mains, jambes). Dans l’idéal, votre camo devra casser la silhouette et la forme humaine. La tenue que vous choisirez se composera donc de taches de couleur (brun, gris, noir, avec un minimum de vert), de motifs contrastés (branchages, courbes, feuilles…) et de reliefs clairs, le tout avec, si possible, un traitement anti-UV. En effet, les ultra violets sont invisibles pour l’œil humain, mais pas pour ceux des animaux. Tenez également compte de la saison de chasse et de votre environnement pour choisir au mieux votre équipement : évitez par exemple de dépareiller votre tenue (veste, pantalon, gants, cagoule) lors de votre sortie.

Les pratiquants de chasse à l’arc sont certainement les plus habiles et les plus expérimentés dans l’art du camouflage. Il est vrai, les archers doivent pouvoir approcher ou laisser venir l’animal à eux sans éveiller de soupçon. Pour eux, tirer à moins de 30 mètres est une priorité, au risque de manquer, de blesser ou de ne pas retrouver le gibier pris pour cible. Un bon camouflage assure de surcroit des tirs plus précis, pensez-y.

Outre le camouflage vestimentaire, le langage corporel tient également une place prépondérante dans la chasse à l’affût ou à l’approche. Si vous arrivez à identifier les animaux grâce à quelques signes particuliers, l’inverse est aussi exact. Par vos mouvements (de la tête, des membres..), votre position (debout, jambes écartées..) et vos déplacements, le gibier sera alerté. Optez donc pour une attitude immobile, assis ou accroupi. En ramassant votre silhouette, vous atténuerez les signes caractéristiques de l’être humain (assurez-vous toutefois de pouvoir effectuer un tir fichant ou de pouvoir vous lever sans bruit).

Dernier élément, et non des moindres en matière de camouflage, l’odeur. Ce n’est un secret pour personne, l’odorat du chien est maintes fois plus développé que celui de l’homme. Preuve en est ces histoires de « toutous » qui parcourent des centaines de kilomètres pour retrouver leurs maitres, abandonnés sur une aire de repos ou laissés sur le bord du chemin, bien souvent en période estivale (honte à ces propriétaires !). Le système olfactif des animaux est bien plus performant que le notre. Le gibier a tôt fait d’identifier des odeurs étrangères ou méconnues sur son territoire. Savoir maitriser celles que l’on dégage et que l’on transporte est donc primordial à la chasse. Evitez bien entendu de fumer ou de porter des habits imprégnés d’odeur de tabac. De même, les vêtements fraichement lavés, tout droit sortis de la machine sont à proscrire. Bannissez les déodorants et les parfums (pour partir à la chasse, pas besoin de se faire beau et de sentir bon), pensez à ne pas cuisiner avec votre tenue de chasse et prenez vos précautions avant de partir (les toilettes, c’est chez vous et pas dans la nature).

Retour d’expérience sur l’art du camouflage à la chasse

Bref, vous l’aurez compris, savoir se camoufler requiert expérience et pratique. L’apprentissage se fera au gré des sorties et en fonction des types de gibiers chassés. N’hésitez peut-être pas à vous équiper avec du matériel spécifique (filet, affût transportable…), vos chances de réussite seront certainement décuplées.

Enfin, et parce qu’un exemple concret vaut mieux qu’un discours théorique, je vous livre ici un retour d’expérience qui m’a fait ouvrir les yeux sur l’art du camouflage. A l’époque (je venais à peine d’entamer ma deuxième saison de chasse), j’ai pu participer à un weekend de chasse à la palombe dans les Pyrénées-Atlantiques. Autant vous dire que dans le Sud Ouest, cette chasse est une religion, qu’elle soit pratiquée en palombière, à l’affût, au filet, ou dans les cols. On était au mois d’octobre, les arbres avaient encore leur feuillage et la « vague bleue » se faisait attendre. Un ami chasseur m’avait indiqué où les pigeons ramiers avaient tendance à se poser fréquemment pas très loin de chez lui. C’est donc plein d’entrain et confiant que je m’y rendis un samedi matin.

Le temps était idéal. Le passage débutait depuis quelques jours. Arrivé en surplomb d’une petite colline, j’avais une vue magnifique sur l’horizon et les montagnes. Je pris la décision de me poster dans un bosquet, au pied de grands chênes majestueux. Tout de vert vêtu, je pensais aisément pouvoir tirer quelques palombes, dont certaines s’étaient subrepticement envolées à mon arrivée. Quelle ne fût pas ma déception à la fin de la journée : malgré qu’une douzaine de vols passèrent au dessus de ma tête, tous changèrent de direction en un battement d’ailes au moment de venir sur moi. Pas étonnant avec les bras et la tête découverts, la montre qui reflétait parfois le soleil, mes mouvements incessants et le peu de soin pris pour me fondre dans l’environnement.

Quelques jours plus tard, l’occasion se présenta à nouveau de chasser la palombe à l’affût. Cette fois-ci, les palombes ne se détournèrent pas. Pourquoi ? Car j’avais analysé mes erreurs passées. J’ai ainsi compris que la patience et l’immobilité sont des maitres mots pour la chasse à l’affût. J’ai aussi mieux appréhendé mon environnement pour ne faire qu’un avec lui : cagoule, gants, tenue avec des formes et des motifs variés m’accompagnent désormais à chaque sortie.

Depuis, vous pouvez l’imaginer, j’ai appris à connaître le comportement des palombes et je me suis perfectionné dans l’art du camouflage. L’expérience et la pratique seront toujours vos alliés. Trompez-vous, faîtes des erreurs, c’est ainsi que vous apprendrez à devenir invisible.

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