Amélie Péria, la belle aux yeux bleus

La chasse est essentiellement un univers masculin. Il est vrai, il n’y a qu’à regarder les civilités des membres des sociétés de chasse pour s’en rendre compte. Pourtant, les femmes ont aussi leur place dans ce monde, et c’est avec plaisir que j’accueille en ce jour Amélie Péria, une chasseresse extraordinaire.

Amélie Péria, une fille de la campagne

Amélie est née un 15 août, jour d’ouverture de la chasse du sanglier en battue dans de nombreux départements. Un signe du destin ? Oui me confie Amélie, qui, à bientôt 18 ans, a passé toute sa jeunesse en Haute-Saône (région Franche-Comté). Fille de la campagne, notre chasseresse poursuit ses études dans le commerce. Son rêve: travailler dans un magasin de chasse.

Attachée aux racines et aux traditions, Amélie le revendique: « je suis une vraie campagnarde. La campagne a toujours été mon refuge, mon réconfort, ma consolation. J’ai trouvé auprès d’elle et à son contact amour, force et courage. Rien ne me fait plus plaisir que les promenades en pleine nature, seule ou accompagnée, les randonnées en 4×4 ou les sorties avec les chiens. Je ne me sentirais pas à l’aise en ville, où béton et asphalte dominent. J’ai besoin d’air pur et de grands espaces pour respirer, pour vivre. Ces choses là n’existent aucunement dans les grandes métropoles ».

Tombée dans la marmite dès le plus jeune âge

« Par bonheur, je suis née dans une famille de chasseurs ». Toute petite déjà, Amélie accompagnait son père et son grand frère dans leurs balades, à l’aube et au coucher du soleil. Lors des premiers carnavals de l’école, quelle fierté elle avait, vêtue d’un pantalon treillis, de bottes kaki, d’un chapeau et d’une carabine en plastique, de gambader et de rigoler au milieu de ses camarades. « Cette passion de la chasse m’a attrapé sans que je m’en rende compte. Elle m’a embarqué avec elle pour une longue et merveilleuse aventure ».

Notre adolescente a obtenu la formation pour chasser accompagné en 2011. L’année suivante, à 15 ans et demi, le permis était en poche. « Je chasse uniquement en battue, au poste, et principalement le gros gibier » m’indique Amélie. « Même si j’ai eu l’occasion de découvrir la chasse à courre, la vénerie sous terre et la chasse au petit gibier, ma préférence reste à la battue au gros. J’ai grandi et appris tout de ce mode de chasse qui me passionne, au travers les ronciers et les grands bois, attachant, de plus, un amour particulier au sanglier et à l’animal sacré, le cerf ».

Amélie chasse avec une 300 à verrou qui provient de son père. « Une arme dont je suis tombée amoureuse et qui me fait rêver depuis mon enfance. J’ai toujours connu les armes puissantes à verrou, et je n’en changerai pas. Ce n’est pas parce que je suis une femme que je dois posséder un calibre 12. Quand je referme la culasse, l’adrénaline monte, les frissons surgissent, le coeur s’emballe… La sensation est indéfinissable ».

Amélie Péria et sa carabine

Au moment d’aborder son meilleur souvenir de chasse, note jeune franc-comtoise se remémore avec bonheur ce 1er novembre 2011, où elle prélève son premier sanglier de 43kg. « Probablement le plus bel instant que j’ai pu vivre. Je me souviens encore de la ligne de chasseurs à ma droite, levant les bras aux ciels lorsque j’ai pris ma corne avec fierté, annonçant les 4 coups courts et la mort de l’animal. Je n’oublierai jamais non plus ce jour où, au poste assise sur le mirador, mon frère se tenant en bas, une balle d’un collègue a ricoché dans le bois et est venue dans notre direction, sifflant non loin de mes oreilles. Panique totale. Peur bleue ». Comme quoi la sécurité à la chasse est vraiment primordiale.

La place de la femme dans un univers masculin

La chasse est souvent perçue négativement par le grand public, critiquée pour sa brutalité et sa barbarie. Dans cet univers, « être une femme est d’autant plus complexe ». Mais quand certaines remarques vous sont adressées, bien souvent par des non initiés, cela blesse encore plus confie Amélie. « A côté de cela, il y a bien évidemment aussi les chasseurs machos, qui critiquent volontiers notre incapacité à tirer ou notre incompétence à bien servir un sanglier au ferme. Les hommes ne sont pas les seuls à savoir prélever un animal avec succès. Par contre, ils sont bien meilleurs quand il s’agit de raconter avec exagération et fanfaronnade leurs faits d’armes ».

La femme est connue pour sa sensibilité, sa fragilité, sa douceur, note Amélie. Mais le temps où la gente féminine occupait uniquement son temps aux tâches domestiques est révolu. « La femme a toute sa place à la chasse. Elle peut apporter beaucoup et faire changer les mentalités ». La preuve, Amélie est, j’en suis persuadé, bien plus impliquée et passionnée que bon nombre de chasseurs masculins (regardez sa page Facebook).

Une jeune fille follement passionnée de chasse

« Depuis toujours, je considère la chasse comme ma religion. Pourquoi ? Car j’ai grandi dans ce milieu, j’ai évolué et été éduqué dans l’amour et le respect de la chasse et des traditions. C’est ce lien avec la nature et l’amour pour la chasse qui m’a fait devenir celle que je suis aujourd’hui. La nature est ma seconde mère. J’ai vécu et je vis chasse, je consacre ma vie et donne tout ce que j’ai pour ça. C’est ce qui me permet d’avancer et de me battre jour après jour. Je n’ai besoin que de ce contact avec la nature pour être bien, pour être moi. Je pense chasse et je rêve chasse à chaque instant. J’en fais peut-être de trop mais c’est ce que je suis et je ne changerai pas car je suis heureuse comme cela. J’ai fait des tablettes de Saint-Hubert, ma Bible, et de la chasse, ma religion. Je me battrai sans relâche pour l’intégration de la femme à la chasse. Je me battrai pour faire perdurer jusqu’à la nuit des temps, dans nos cœurs, les fondements de la chasse que sont l’amour, le respect et le partage ».

En septembre prochain, Amélie me glisse au passage qu’elle compte passer un certificat de capacité pour être éleveuse canin. Aux vues de ses déclarations et de l’image ultra positive qu’elle m’a fait en réalisant cette interview, je ne doute pas un seul instant de sa réussite à l’examen. Et vous les amis, avez-vous déjà rencontré une jeune femme autant passionnée et amoureuse de la chasse qu’Amélie Péria ?

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