Un lynx criblé de 120 plombs de chasse décède

Bretonvilliers, en 2014. Cette petite commune située dans le Doubs n’avait jamais fait la une des journaux, jusqu’au jour où, un lynx décida de sortir le village de l’anonymat général. La cause ? Six attaques dans un élevage de brebis au cours desquelles 16 ovins périrent sous ses crocs. « A l’époque, il avait été question d’un [félin] déviant à l’appétit insatiable, et certains avaient [même] parlé de la nécessité de réguler l’espèce » rappelle Gilles Moyne, co-créateur du Centre Athénas.

Et voilà qu’il y a quelques jours, on apprend que ce lynx d’une douzaine d’années est revenu sur les lieux de son forfait pour commettre une nouveau crime. Malheureusement pour lui, cette fois-ci, le propriétaire réussit a enfermer le prédateur dans l’étable (avec l’accord des services de l’Etat bien entendu). Arrivés rapidement sur place, les responsables du Centre Athénas (Centre de Sauvegarde de la Faune Sauvage) décidèrent de capturer l’animal. L’attraper à l’aide d’un lasso s’étant avéré trop difficile, et aux vues de son état de santé fragile, il a été décrété de « flécher » le félin pour l’endormir.

Le lynx meurt durant son transport : des centaines de plombs retrouvés lors de l’autopsie

Néanmoins, durant le trajet qui devait le menait au Centre basé dans le Jura, le lynx mourut. Un décès inexpliqué, jusqu’à l’autopsie menée par le vétérinaire. Selon les conclusions de l’examen post-mortem, le corps de l’animal présentait quelques 120 plombs de chasse provenant d’une décharge ancienne, « datant vraisemblablement de 2013 ou 2014 ». L’anesthésie, combinée au saturnisme dont souffrait le félin, ayant engendré une hémorragie hépatique entrainant sa mort. Pour le responsable du centre, les plombs « ont provoqué d’importantes inflammations articulaires et respiratoires ; ainsi limité dans sa mobilité et dans sa capacité de prédation, il a été contraint de se rabattre sur de la nourriture facile ». D’où les brebis attaquées.

Le lynx étant une espèce protégée, et compte tenu du certificat établi par le vétérinaire, l’ONCFS a prévu de déposer plainte. Ce qui n’empêche pas Gilles Moyne de faire part de son indignation : « cette nouvelle affaire est une preuve supplémentaire de la grave sous-estimation du problème, et de la loi du silence qui règne à tous les niveaux ». Pour rappel, en octobre 2016, des tirs d’effarouchement avaient été autorisés par la DREAL (Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement) pour dérouter le félin.

 

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